Le golf est-il soluble dans un film? Délicat de saisir une si petite chose (la balle de golf) dans un si grand espace (la nature en dix-huit trous). Robert Redford s'en sort plutôt mal, n'y parvenant qu'en dramatisant l'intrigue: qui va gagner? L'un s'échappe, l'autre recolle. Ou en l'évacuant totalement jolie promenade dans les sous-bois. Malgré quelques effets de zoom, Redford ne se pose donc jamais la question: comment filmer un sport à la gestuelle si particulière, aux trajectoires si étonnantes, où la lutte s'effectue plus contre soi-même que contre un adversaire? Car son projet est ailleurs: il s'agit moins pour lui de mettre en scène que d'occuper une place. Ce qui suppose une morale, une cérémonie et un espace. La première est absolument classique: récit édifiant où le jeune champion local (Matt Damon, toujours gendre idéal), un moment égaré dans l'alcool, remis sur les rails par un envoyé spécial du dieu des golfeurs (Will Smith, caddie philosophe et désinvolte), trouve l'énergie de défier les champions des champions en un combat singulier, sous les yeux d'une belle. Cela finira bien. La cérémonie, quant à elle, est faite des habitudes maniaques des golfeurs, des vestiaires au club-house, en passant par les greens, les roughs et les fairways. Redford fabrique ce rituel avec l'attention du bon artisan qui sculpte son objet. Il est, au fil des films, devenu le spécialiste de ces petits gestes: pêcher la truite, dresser un cheval, jouer au golf... L'espace c'est la n
Critique
Un film à handicaps
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publié le 10 avril 2001 à 0h26
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