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Libération
Critique

168 heures pour mourir.

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«Ring», du Japonais Hideo Nakata, a semé l'effroi dans toute l'Asie.
publié le 11 avril 2001 à 0h27

Driiiiingggg aurait été plus juste. Puisqu'ici, le malheur, c'est simple comme un coup de fil. Votre télé est donc allumée, vous plongez la cassette vidéo dans le ventre du magnétoscope. Mais à la place du programme dûment enregistré, vous n'obtenez qu'un balayage bleu-gris, un peu comme si un nuage magnétique avait rendu son quatre heures sur l'écran. De cette bouillie informe, vous ne discernez rien ou si peu, si ce n'est soudain ces ombres, grises, lançant des appels lointains dans un incompréhensible goulou-goulou. Le langage se précise, c'est du japonais, les sons entourent une blanche silhouette de femme-spectre. Sa voix est lointaine mais ce qu'elle dit vous est directement adressé: «Tu vas mourir dans une semaine.» Une minute passée à frotter ce qu'il vous reste de sourcils, et la messagère n'est plus là. C'est alors que le téléphone sonne. A l'autre bout du fil, c'est un abîme sonore, un puits sans fond, une panique extraterrestre. Il ne vous reste plus que 168 heures à vivre.

Bien des choses ne vont pas dans Ring. La mise en scène de Nakata se donne des airs implacables, avec ses cadres acérés, mais elle souffre du poids de l'écrit, s'arrimant à des ficelles sonores vieilles comme le cinéma de peur, ces prévenantes avancées de violons qui rendent hommage à la grande forme du genre en même temps qu'elles désamorcent tout effet de surprise. Et dans l'ensemble, même s'il carbure agréablement au «maman, j'ai peur», le film force trop la connivence. Son charme entêtant,