Découvert en 1995 avec Etat des lieux, contre-proposition matérialiste aux assauts pyrotechniques de la Haine triomphante de Kassovitz, confirmé dans son statut d'outsider avec Ma 6-T va crack-er à la rage toute suicidaire, Jean-François Richet revient avec De l'amour, projet longuement mûri, ode à Virginie Ledoyen. Enfin du moins est-ce ainsi qu'on l'avait imaginé, l'idée d'un film écrit, tourné, monté pour célébrer une actrice et rien d'autre, un film consumé par les seuls sentiments et non plus par la sociologie ou les convictions politiques. En fait, le cinéaste semble avoir tendu vers cette dimension purement lyrique mais tout se passe comme si elle ne pouvait trouver forme que par le truchement d'un nouveau récit banlieusard sur l'outrage fait aux pauvres.
Féminisme soft. Richet pense à l'amour mais son film gonfle et explose à partir d'une scène d'abjection, un viol commis dans un commissariat par un pauvre flic de base interprété par Jean-François Stévenin. Quand John Cassavetes voulait embrasser Gena Rowlands à travers la pellicule, il finissait par accepter de tourner Gloria pour lui faire plaisir, lui donnant avec toutes les ressources efficaces de la fiction et d'une mise en scène chauffée à blanc un rôle d'héroïne sublime et humaine. Quand on voit Virginie Ledoyen marcher dans les rues, tenir tête aux vigiles, aux flics, hausser les épaules avec grâce, on ne peut s'empêcher d'imaginer un Gloria à sa gloire juvénile. Mais d'une certaine manière, si Richet semble m