Le cinéma japonais revient par la peur. Cela fait déjà un certain temps que les amateurs du genre avaient délaissé la production américaine, déplaçant leur ferveur en direction de l'Asie. Et si Hong-kong a dominé la partie deux décennies durant, la fin du XXe siècle aura constaté l'éveil du Japon. La peur du vide, de l'autre, la hantise d'être dans l'erreur, l'errance fantomatique, sont les questions qui ont permis au cinéma nippon de renouer avec sa tradition de films de spectres (les yurei eiga) sans rien perdre de sa contemporanéité.
Schizophrénie. Le point de départ de nombreux films, dont Ring, repose sur une schizophrénie bien japonaise, mélange confus de fascination et de terreur face à l'usage irradiant des nouvelles technologies. Rappelons le dessin animé hitchcockien Perfect Blue de Satoshi Kon (réalisé en 1997, sorti en France en 1999) dans lequel une pop star se débattait dans un univers virtuel où se jouait l'absorption de son corps dans les tuyaux de la communication. Le scénario japonais avance ainsi droit dans le mur technologique tout en espérant que la peur qui l'y mène sera rattrapée à temps par des fantômes surgis du passé, sorte de rappel à l'ordre.
La psyché japonaise est la proie d'un dialogue permanent avec les ténèbres, par des voies aussi peu spirites que le Net ou le canal hertzien. Pour exemple, toute la dernière partie de l'oeuvre de Kyoshi Kurosawa entretient, thriller après thriller (Cure, Charisma, Kairo), une conversation spirituelle avec un mo