Vingt ans avant de mourir, Picasso, âgé de 71 ans, se confronte à quelques chefs-d'oeuvre. Auparavant, dans les années 40, il avait déjà interprété Le Nain (la Famille heureuse ou le retour du baptême) et Poussin (le Triomphe de Pan). Cette fois-ci, l'entreprise est plus systématique: ce seront les «grandes séries». Il s'agit parfois d'un tableau (les Menines de Vélasquez), d'un endroit (la Californie, sa villa-atelier à Cannes), d'un motif (le peintre et son modèle), d'une série de toiles jumelles (la série sur les femmes d'Alger d'Eugène Delacroix) ou thématiques comme l'Enlèvement des Sabines, de Poussin (1635) et de David (1796). Sur chacune, l'artiste exécute des variations personnelles.
Fougue. Depuis les années 80, on compte à la pelle, de Paris à New York, les rendez-vous sur le «Picasso tardif». L'originalité de cette exposition est de s'en tenir aux grandes séries. 120 toiles et dessins ont été réunis,prêtés par une trentaine de musées et de collections privées. «Ce qui frappe, c'est l'extraordinaire énergie qui transpire de ces travaux, dit Paloma Esteban, commissaire de l'exposition. Il y a peu d'artistes capables d'éviter le déclin, de rester fécond jusqu'à la fin de leurs jours. A mes yeux, Cézanne et Monet y sont parvenus. C'est vrai aussi du Picasso des vingt dernières années, période qu'il partage avec Jacqueline Roque. Il y a chez lui une fougue ardente, un enthousiasme juvénile.»
A Paris, Cannes et Mougins, le monde extérieur envahit les gra