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Libération

Patrimoine et tombola.

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Alarme en Belgique: la Cinémathèque royale, une des plus importantes du monde, devra se financer... par la Loterie.
par Stéphane MALANDRIN
publié le 13 avril 2001 à 0h28

Bruxelles

de notre correspondant

Le gouvernement belge vient de décider que la Cinémathèque royale de Belgique serait dorénavant financée par... la Loterie nationale. Les quotidiens nationaux vitupèrent contre cet aveu du désintérêt total de la classe politique pour l'un des plus importants patrimoines cinématographiques du monde: «Qui veut la mort de la Cinémathèque?» (le Matin). «Notre cinémathèque tuée par un retard?» (la Libre Belgique) «Doit-on mourir de trop aimer le cinéma?» (le Soir). La menace a évidemment été prise au sérieux par la profession. Jean Godeaux, ex-gouverneur de la Banque nationale et président de la Cinémathèque, a donné sa démission, tandis que le gratin du cinéma belge (Marion Hansël, Jaco Van Dormael, les frères Dardenne, Alain Berliner...) ont donné une conférence de presse pour encourager le vice-président, André Delvaux, ainsi que la conservatrice, Gabrielle Claes, décidés à se battre contre l'incurie du gouvernement. Delvaux, doyen des cinéastes belges, a tranché: «Dans le remue-ménage institutionnel qui accompagne le démantèlement progressif de l'Etat fédéral, la Cinémathèque apparaît comme un enfant non désiré dont on se refile le soutien pour finir par le poser ­ jusqu'à quand? ­ en dehors des structures budgétaires de l'Etat.»

Deux muets par jour. Créée en 1938 par Henri Storck, André Thirifays et Pierre Vermeylen, la Cinémathèque a gagné ses lettres de noblesse avec Jacques Ledoux, conservateur à partir de 1948, fondateur du musée du Cinéma e