Drôle de parcours que celui de Sam Raimi. Jeune prodige révélé sur la scène mondiale avec un petit film gore outré et potache (Evil Dead), le cinéaste s'est depuis vingt ans beaucoup déplacé, a connu des hauts (Darkman, son chef-d'oeuvre gothique) et finalement assez peu de bas. Pourtant, il n'a jamais obtenu la popularité tardive d'un Wes Craven, ni la légitimité critique des frères Coen ou de Tim Burton. Un plan simple, sorte de réponse perso à Fargo, puis Pour l'amour du jeu, film de commande avec Kevin Costner, ne parviennent pas à éclaircir les choses.
Veine psychologique. Intuitions prolonge cette veine psychologique, intimiste, voire déflationniste, amorcée par Un plan simple, mais en faisant revenir par petites touches l'inspiration fantastique de sa première période. Annie (Cate Blanchett) est une jeune veuve, mère de trois garçons, installée dans un bled de Géorgie. Contre quelques présents, elle tire les cartes aux villageois. Jusqu'au jour où une jeune femme disparaît. Annie a la vision de son corps dans un étang. La police le repêche exactement à l'endroit annoncé. Mais, à mesure que ses dons accomplissent des prodiges, Annie s'attire la haine de ses concitoyens.
Intuitions vaut surtout par sa description chargée mais éloquente d'une Amérique white trash arriérée et crédule. La langueur du récit, la moiteur des éclairages, la justesse des comédiens (mention à Keanu Reeves en beauf violent): tout concourt à un rendu climatique très convaincant. Sur un sujet proche