De Bartolomé Esteban Murillo (1617-1682), on attend l'image convenue du couvercle de la boîte de chocolats comme de Renoir, mais c'est une autre question. L'exposition que consacre le musée Dulwich de Londres au peintre sévillan permet de corriger cette vision faussée de son oeu vre. Une trentaine de scènes d'enfants des rues est ici rassemblée. Murillo a peint ces chulitos d'une manière toute particulière, insistant sur leur innocence souriante, leur regard. Souvent, ces va-nu-pieds fixent le spectateur, mais jamais d'un oeil accusateur. Ces scènes dites de genre furent contestées, certains de ses contemporains l'accusant d'avilir l'art, jusqu'à l'esthète John Ruskin qui déclara plus tard n'avoir nul besoin de l'aide d'un Murillo pour «savoir que les pieds d'un mendiant ne peuvent être propres».
Fatalisme. Mais ce réalisme social trouve ses limites: jamais ne perce le désespoir ou la révolte. C'est le moyen que trouve cet homme de foi pour répliquer aux gentilshommes qui méprisent le peuple grossier: montrer une grâce que la pauvreté ne fait que renforcer.
L'exposition s'ouvre par deux tableaux, dont une Scène de cuisine, de Vélasquez. Il ne s'agit pas de lui comparer Murillo, mais d'introduire le visiteur à la scène de genre à Séville au XVIIe. Toujours est-il que, dans la cuisine de Vélasquez, la moue de la jeune fille, pommettes rougies par les larmes, cette tristesse, son regard lourd de reproche, en disent long par contraste sur les caractères enjoués de Murillo, qui n