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Libération
Critique

Malika Domrane, grande voix et forte tête kabyle.

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publié le 21 avril 2001 à 0h32

«J'ai vu pour la première fois mon père vers mes 8 ans. Il militait pour le FLN. Il a été emprisonné à Fresnes. Il n'a jamais rien demandé après l'indépendance. Je dois tenir de lui. Là où je vais, je me bagarre.» Malika Domrane, reconnue pour ses chants dérangeants, est aussi la grande chanteuse moderne kabyle. La première star de cette 21e commémoration du soulèvement populaire survenu en Kabylie le 18 avril 1980, avec au coeur des revendications la langue kabyle. «J'étais infirmière dans le service psychiatrique de Tizi-Ouzou. On nous ramenait des gens tabassés, traumatisés. J'ai quitté le comité féministe pour le comité de vigilance de l'hôpital. J'y étais la seule femme parmi des bonshommes qui ne s'entendaient pas», dit Malika, mettant le doigt sur les luttes intestines minant les mouvements politiques kabyles depuis trente ans.

«Les morts kabyles sont morts pour les vivants. Il faut donc penser aux vivants», insiste la chanteuse reconnue pour la puissance de sa voix, son lyrisme blessé et son rire exorcisant toute peine, surtout celles des femmes du Djurdjura où elle est née. «Tizi-Hibel est connu pour sa joie de vivre. Durant le ramadan, chacun faisait ce qu'il voulait, chrétien, musulman ou athée.» Dès ses 7 ans, Malika était première voix de la chorale : «Elles me demandaient de chanter Slimane Azzem, le chanteur de l'émigration kabyle. Les garçons faisaient du scoutisme, les bonnes soeurs nous apprenaient la vie des abeilles ou à ne pas tricher.»

Malika voit sa voc