«Laissez-le fuir. Ils ne le croiront jamais», lance le jeune Peckinpah dans une courte apparition au milieu de l'Invasion des profanateurs de sépultures, film de Don Siegel (1956) auquel il a également collaboré comme scénariste. Ce fut le destin de Sam Peckinpah de fuir constamment vers les horizons lointains, lui qui a commencé par la série télé the Westerner, s'est adonné plus que de raison à l'alcool fort, n'a filmé que des dérives éperdues, et a fini sa vie totalement hors-jeu, en 1984. «Sam est mort tout seul, dans une saloperie de camping-car, perdu au milieu d'une montagne pelée. On ne l'a découvert que quelques jours plus tard», se souvient Alain Corneau, l'un de ses fans français. Peckinpah a fui son enfance trop solitaire, la violence qu'il n'a cessé de faire exploser dans ses films, et les directeurs de studios qui ont toujours voulu les mutiler.
Camions d'hémoglobine. Ce fut aussi son destin de filmer des choses proprement incroyables. Par exemple que l'on meurt au ralenti. L'impact sanglant d'une balle en pleine poitrine, un corps qui tombe lentement dans la poussière. Voici le cliché favori des enfants et des films d'action. L'original est signé Sam Peckinpah, systématisé dans les gunfights collectifs de la Horde sauvage en 1969. Peckinpah ne s'est jamais expliqué sur cette trouvaille. Influence radicalisée des premiers westerns spaghettis avec leur maniérisme hiératique? Erreur de défilement des rushes au ralenti, reprise au bond par le cinéaste? Mais Peckinpa