C'est l'histoire d'un homme qui a laissé tomber femme et enfant, a refait sa vie avec une plus jeune dont il a eu un autre enfant qui est mort, est reparti encore; des années plus tard, il revient et trouve sa première femme dans la maison de la seconde. A l'une et à l'autre, séparément, il jure amour et fidélité, et finit par rester avec toutes les deux.
Goethe avait 26 ans lorsqu'il publia, en 1776, sa pièce Stella dont le dénouement fit scandale, et qui portait un sous-titre «une pièce pour ceux qui s'aiment» à la portée ironique certaine, mais sujette à diverses interprétations: avertissement à l'intention de ceux que l'amour aveugle ou éloge quelque peu cynique à moins que naïf de la bigamie? Trente ans plus tard, pour une reprise de la pièce à la cour de Weimar, Goethe supprima sa dédicace aux amoureux et opta pour une nouvelle fin, plus «romantique», mais surtout plus acceptable pour la morale bourgeoise: le mari volage et la femme illégitime se donnent la mort, chacun de leur côté.
Mari volant. Pour sa mise en scène à la MC93 de ce texte qu'il a lui-même retraduit (1), Bruno Bayen représente à la suite les deux dénouements, con cluant sur une note d'incertitude un spectacle tout en contrastes et en contretemps. La pièce commence dans un relais de poste. On aperçoit un bout de la voiture qui vient de déposer deux voyageuses. Le lieu, l'époque: on pourrait se croire dans un chapitre des Mémoires de Casanova. Jusqu'au héros de Goethe qui porte un prénom méditerran