Hyères envoyés spéciaux
«Quand on travaille dans la mode, si on n'est pas perpétuellement à l'écoute du monde, on est mort. On s'institutionnalise, on croit tout savoir, mais on se trompe, avoue Ralph Toledano, PDG de Chloé. «Voir des collections de très jeunes créateurs, c'est important. Non pas parce qu'ils détiennent la vérité, mais parce qu'en étant en rupture, en décalage, ou en avance sur le système, ils font bouger les choses.»
Scruter la mode et la photo de demain, c'est justement l'engagement du festival d'Hyères (1). Depuis seize ans, cette manifestation accueille des stylistes qui présentent leur première collection à un jury de professionnels. «On rencontre ici des créateurs venus d'horizons différents, à des stades de maturité divers», explique Sarah, de la boutique Colette.
Aquarelles. Dans le registre théâtral et festif, le duo français Charles Anastase et Ann Asland en a fait des caisses: vestes kimonos en satin peinturluré, gerbes de blé et collants gribouillés au Stabilo s'entrechoquent sur des silhouettes fraî ches et spontanées comme des aquarelles. Plus qu'une collection, ils proposent mille idées délicates et loufoques. «Comme nous n'avions pas les moyens d'acheter des imprimés, nous avons fait du "Tie and Die", des patchworks de couleur, des dessins en transfert. Pour les chau ssures c'est pareil, nous avons demandé à dix personnes d'acheter le même chausson de taekwondo, on leur rendra customisé. Nous cherchons à défendre un esprit de groupe.» Charles An