Iranien de passeport, britannique par sa scolarité et Français d'adoption, Rafi Pitts, 34 ans, est le plus cosmopolite des cinéastes de la nouvelle vague iranienne. Après la Cinquième saison (1997), Sanam est son deuxième long-métrage.
Quelle est votre langue maternelle?
Le persan (ou farsi) qui est la langue de ma mère iranienne. Mais aussi l'anglais, qui est celle de mon père britannique. Ils se sont rencontrés à Londres, où mon père était peintre et où ma mère suivait les cours de la Slade School of Arts pour laquelle elle avait obtenu une bourse. Elle est revenue en Iran avec lui, enceinte de moi, puis ils se sont séparés. Lorsque je suis né, elle commençait à faire des costumes pour le théâtre. On vivait dans un petit appartement sous un studio de postproduction ciné. J'ai grandi là. Les adultes qui veillaient sur moi étaient des monteurs de film. C'était une enfance formidable. Mon plus beau souvenir de cette période, c'est le jour où un chef opérateur m'a embarqué sur un tournage le temps des vacances. On a traversé le désert pour s'y rendre, en écoutant des cassettes de Frank Sinatra.
Vous avez vous-même tourné étant enfant...
Un jour, ma mère rentre à la maison et me dit: «On te propose un boulot. Tu peux tourner dans un film si tu veux.» J'avais 8 ans, je m'imaginais que ce serait un film de guerre! «Non, me dit-elle. C'est l'histoire d'un môme de village qui doit gagner sa vie. Tu seras payé.» Je lui demande alors «Combien?» Elle me répond que je devais négocier moi-m