Comment se meuvent les vampires? On le saura dès ce soir à l'Opéra Bastille, où Jean-Claude Gallotta crée Nosferatu pour le Ballet de l'Opéra de Paris. En tout cas, on risque d'être surpris par l'étoile José Martinez, qui trouve là matière à développer, à travers son personnage, une gestuelle propre, construite au fil des répétitions avec le chorégraphe. Sa perruque aux longs cheveux gras ne le fait ressembler en rien au Nosferatu de Murnau, crâne chauve, oreilles décollées et ongles crochus. Même si la silhouette efflanquée est comme une citation décalée, la démarche est plus ondulante.
Blessures. Sur le plateau arrivé la veille, lors d'une répétition, les danseurs tentent de se mouvoir sur un sol courbe, qui complique la montée, comme la descente. Mathilde Altaraz, assistante, fait reprendre les danses de (petits) groupes, alors que Gallotta règle les partitions des solistes. L'ambiance est calme et laborieuse. Les blessures ont obligé à bien des changements dans la distribution. Le propos et la méthode de travail sont ici tout autre que lorsque le chorégraphe avait recréé son Ulysse, pièce phare des années 80, rebaptisée les Variations d'Ulysse. Sur des musiques de Pascal Dusapin, qui aurait bien aimé écrire une partition pour l'occasion, mais ne put le faire faute de disponibilité, Gallotta, signe en fait un «anti Ulysse», tournant le dos à la ferveur collective, à une blancheur presque trop pure. Il garde, comme souvent dans ses pièces, un personnage de légende, cosmogon