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Libération
Critique

Grichkovets passages à l'acte

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publié le 4 mai 2001 à 0h46

Baraqué comme un rugbyman, lunaire à la manière d'un Woody Allen, imprévisible dans ses échappées, comme tout bon acteur et poète, Evguéni Grichkovets foule pour la première fois le sol français en atterrissant à «Passages» pour la sixième édition de ce festival qui invite à Nancy et en Lorraine des artistes vivant et travaillant dans l'Est de l'Europe.

En France, on ne connaît rien de cet énergumène qui fait péter les plombs de l'establishment du théâtre post-soviétique. D'ici à quinze jours, tous ceux qui le verront se dégingander sur scène ne sont pas près de l'oublier. Roublard comme tout bonimenteur qui se respecte, mais précis dans ses observations et rêveries, il se produira à Nancy sans sous-titres, mais avec en scène à ses côtés un complice acteur-traducteur, du jamais vu, sauf erreur. Russes pur jus, les pièces de cet auteur, qui n'avait rien écrit il y a seulement cinq ans, n'en sont pas moins à la portée de tout citoyen du monde tant elles reprennent le théâtre depuis le commencement. A leur service, l'acteur-enchanteur Evguéni nous entraîne dans des histoires tordantes et étranges ­ en un mot abracadabrantesques. Il nous explique, par exemple, comment un jour il a mangé du chien.

Balafres. C'est exactement dans «l'Est de l'Europe» que vit Grichkovets, à Kaliningrad, cette enclave russe située entre la Pologne et la Lituanie, plus proche de Varsovie et Berlin que de Moscou. Mais il est né en 1966 à Kemerovo, ville de la Russie profonde, plus connue pour ses mineurs