Quand il ne joue pas, Philippe Caubère «grafigne»: il noircit du papier. En 1999, Denoël publiait les Carnets d’un jeune homme, journal intime de l’acteur couvrant les années 1976-1981. Voici la chose en Folio: 802 pages, aussi gros qu’un tome de la Recherche du temps perdu. On y trouve, pêle-mêle, ce que tout un chacun met dans un journal: rêves, réflexions, poèmes, brouillons, souvenirs... Un foisonnement impudique où le lecteur est invité à venir fouiller. On aurait tort de se gêner. On y découvre les échos d’une époque où l’on venait d’arrêter le tueur d’enfant Patrick Henry, mais surtout pourquoi Caubère est devenu son propre théâtre. Ou comment l’obsession de l’introspection «Il faudrait que je plonge en moi-même une minuscule caméra japonaise» a accouché du Roman d’un acteur, où, seul en scène, Caubère, recordman du monde de la plongée en lui-même, rejoue sans fin sa vie : «Parler de moi, que ce soit quand même une histoire, et que ça sorte sous mille figures.».
Critique
Philippe Caubère. Les Carnets d’un jeune homme. 1976-1981.
par René Solis
publié le 4 mai 2001 à 0h46
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