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Libération
Interview

Kenje Satilbadieva, pour le plaisir.

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L'actrice joue Médée à Ivry.
publié le 8 mai 2001 à 0h48

Kenje Satilbadieva joue Médée dans la Toison d'or d'Adel Hakim et Maryse Aubert. Une grande Médée. Elle est née au nord du Kirghizstan, dans la région du grand lac Issik-Kul aux eaux pleines de légendes. Elle a vécu une bonne partie de sa jeunesse dans l'aïl (village) Sar où ses parents étaient kolkhoziens. Issue d'une famille de neuf enfants, elle avait dix ans quand son père est mort, dix-neuf quand elle a perdu sa mère, ce qui l'a peut-être sauvée d'un mariage arrangé ou d'être enlevée par un homme et ainsi forcée au mariage, choses qui sont encore monnaie courante au Kirghizstan (mais surtout au sud). «C'était à la fin de mes années de lycée, un jour une troupe formée par des élèves-acteurs qui venaient de terminer leurs études à Moscou est venue au village jouer pour nous. Cela m'a bouleversée. Enfant je voulais devenir médecin ou juriste, mais ces acteurs, je les ai trouvés tellement beaux... Alors, j'ai lu une annonce dans le journal: on recrutait des acteurs pour former un atelier à Frounze (nom de la capitale kirghize, Bichkek, à l'époque soviétique, ndlr). Mes frères ne voulaient pas mais ma mère m'a dit: si c'est là ton choix, va. Ma tante m'a accompagnée et puis elle est repartie. Je suis restée deux ans dans cet atelier. Alors, des gens de théâtre de Leningrad (Saint-Pétersbourg) sont venus. L'un d'eux aimait les livres de notre écrivain Aïtmatov, il voulait une classe de comédiens kirghiz dans son école. J'ai été choisie avec 23 autres. C'était en 1988. Je suis