Sur 854 films visionnés, la sélection cannoise comporte une cinquantaine d'élus. Le ratio, impitoyable, donne envie d'aller observer de plus près le processus de choix des films présentés. L'arrivée d'un nouveau directeur artistique, Thierry Frémaux, ne semble pas avoir profondément modifié la donne. La hantise reste la même, qu'on peut résumer par une petite histoire. En 1956, Kenji Mizoguchi, alors inconnu hors du Japon, vient pour la première fois en Occident, se rend au festival de Venise, voit tous les films possibles et retourne chez lui en confiant: «Décidément, je suis le meilleur.» Le Festival de Cannes ne peut pas se permettre de passer à côté des meilleurs, mais il doit aussi ratisser large, proposer un certain équilibre entre un noyau dur d'auteurs consacrés, jouant son rôle de plus grande galerie des signatures du cinéma mondial, un éventail des puissances montantes (actuellement: Japon, Chine(s), Iran, indépendants américains) et quelques hypothèses de travail pour les années à venir, paris plus incertains: le cinéma renaîtra-t-il par l'Argentine, l'Italie ou les genres encore en marge?
Préliminaires décisifs. Pour ne rien rater de tout cela, la programmation cannoise compte sur ses propres réseaux de renseignements et sur deux comités de sélection spécifiques, l'un consacré au cinéma international, l'autre au seul cinéma français. De juin à décembre, c'est le temps des listes et des premières rumeurs. Une architecture d'ensemble s'organise, mais aussi de nombre