Année après année, imperturbablement, la pantalonnade se poursuit. La quinzième cérémonie des molières, diffusée sur France 2 lundi, a atteint des sommets. Censée récompenser les meilleurs spectacles français de l'année écoulée, elle a consacré le triomphe d'une pièce, créée en français en 1997 et à l'affiche, plusieurs semaines début 1998, de l'un des grands théâtres de la région parisienne: la MC 93 de Bobigny. Une Bête sur la lune de l'Américain Richard Kalinoski mise en scène par Irina Brook, a nonobstant obtenu cinq molière: meilleure comédienne pour Corinne Jaber, meilleur comédien pour Simon Abkarian, meilleur metteur en scène pour Irina Brook, meilleure adaptation d'une pièce étrangère, pour Daniel Loayza, et meilleure pièce de répertoire.
Rassembleurs? La raison de ce tour de passe-passe est simple: depuis plusieurs années, les molières, supposés rassembler toute la «famille» du théâtre, sont devenus une opération de promotion du théâtre privé, à laquelle le théâtre public ne participe plus que de façon marginale. Si Une bête sur la lune est aujourd'hui récompensée, c'est qu'elle a été reprise avec succès au Théâtre de l'OEuvre. Irina Brook, fille de Peter, a eu l'élégance de rappeler que son spectacle a pu voir le jour en français grâce à René Gonzalez du Théâtre Vidy de Lausanne et à Ariel Goldenberg, directeur de la Maison de la culture de Bobigny à l'époque.
Spectacle estimable (Libération du 13 janvier 1998), Une Bête sur la lune, a d'abord été créé à Londres en