«Le festival de Cannes, tel un défi démocratique lancé à la Mostra de Venise sous influence fasciste, naît en 1939. C'est une fausse entrée dans l'Histoire, mais une bonne idée politique. Lorsqu'il renaît en 1946, il est le premier événement culturel international de l'après-guerre et signifie clairement la réouverture du marché touristique de la Côte d'Azur. Mais il est déjà l'emblème du rôle de la France sur la scène culturelle: affirmer le cinéma comme art et comme industrie, vision artiste d'un divertissement commercial.
Comment une rencontre de «professionnels de la profession» est-elle devenue ce qu'un observateur appelle dès 1953 les «Jeux olympiques du cinéma»? Cette reconnaissance du grand public vient d'une curieuse médiation: le sens du glamour élevé au rang de cause sacrée. Ces rituels d'apparition de stars deviennent une communion, et le rôle des journalistes y trouve son sens. Ils tiennent désormais leur rôle, car ce sont eux qui, dès le début des années 50, construisent le festival de Cannes en une cérémonie grand public.
La fabrication des rituels. Parmi eux, nuls ne sont aussi importants que les photographes de presse. Ils fabriquent la Croisette, ils inventent les plages, en les transformant en studios de plein air. Brigitte Bardot devient l'image même du festival au milieu des années 50 car, avec Roger Vadim, elle trouve l'art de faire passer ses séances de poses pour de la spontanéité. De même, si l'affaire célèbre de 1954, lorsque la starlette Simone Silva