Mode d'emploi à l'attention des réalisateurs désireux de connaître le battage médiatique dont profite tout film d'ouverture à Cannes: flatter l'instinct de maître de cérémonie qui sommeille en tout sélectionneur en soumettant un film grandiloquent et rupin, dépassant de préférence les deux heures, enrubanné comme un arbre de Noël, couvert de cotillons et surtout chantant à la nasse de professionnels venus de toutes parts, le seul savoir-faire de la France en matière de grosse soirée réussie. L'an passé, ce fut Vatel, production internationale qui transformait les jardins de Versailles en une soirée du Palace. Cette année, le charme popu des quartiers environnant le Sacré-Coeur à Paris ayant atteint une cote inespérée, ce sera le Moulin rouge, celui d'Harold Zidler, de Toulouse-Lautrec, du Paris 1900 ragaillardi à coups de french cancan et de courtisanes à la cuisse haute, suant sous la jarretelle.
L'intrigue de Moulin rouge tient en deux lignes: Christian (Ewan McGregor) débarque à Paris sans le sou avec pour seule arme sa plume de poète et sa jolie gueule. Il découvre par l'entremise du nain Toulouse-Lautrec le Moulin rouge (filmé tel le Studio 54 à New York), lieu de débauche où règne la courtisane meneuse de revue Satine (Nicole Kidman), qui devra choisir entre lui et la relation possessive qui la lie au duc de Worcester, mécène d'une nouvelle revue écrite par Christian. Le dossier de presse est formel: «Moulin rouge est un hymne à la vérité, à la beauté, à la liberté, mai