Menu
Libération
Critique

Apocalypse now. Un supplément de Viêt-nam

Article réservé aux abonnés
Le film de Francis Ford Coppola, palme d'or en 1979, ressort dans sa version initiale. Les 52 minutes supplémentaires parachèvent la peinture psychédélique de la folie guerrière et de la fin du rêve américain.
publié le 11 mai 2001 à 0h50

Toujours, les fondus d'Apocalypse now en reviennent à cette scène de Cannes 1979. Coppola, halluciné, affronte la presse en hurlant: «Apocalypse now n'est pas un film sur le Viêt-nam, Apocalypse now, c'est le Viêt-nam.» Le réalisateur ressemble alors trait pour trait à un vétéran, sa fièvre donne le sentiment de quelqu'un qui aurait passé cette zone que Conrad appelait «la ligne d'ombre». Il se sait en morceaux, réchappé d'un voyage aux enfers qui aura déclenché en lui et sur l'Amérique un Viêt-nam mental. Aujourd'hui encore, voir Apocalypse now en salle est une expérience mystique, avec ce qu'elle nécessite de naïveté, d'énigme, de transe et de démonstration. Noyé dans l'étrange douceur d'une mise en scène qui regarde avec sécheresse la soif du sang, le spectateur d'aujourd'hui comme d'hier reste ce soldat déphasé qui entame, avec Martin Sheen (Willard), la remontée du fleuve originel, cette quête du Graal dérivée de station en station, magnétisé, comme aimanté par son envie de rencontrer l'ex-colonel Kurtz (Marlon Brando) là où il trône: en pleine jungle, entouré d'enfants, récitant en plein décollage neuronal des vers entiers de T.S. Eliot.

Morceaux de bravoure. Ce sont 52 minutes (coupées par peur du fiasco commercial) qui retrouvent aujourd'hui leur place initiale. Quelques scènes d'un comique sardonique où Sheen joue au chat et à la souris avec la planche de surf de Duvall, et offre à ses hommes les bunnies girls (une scène tournée en plein typhon à Iba). Mais cette rés