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Libération

Homme à bits

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publié le 11 mai 2001 à 0h50

Son rêve de midinette, à Diguiden, c'est de devenir «superstar du Web». Avec ses pauvres traits au crayon noir et ses rares fonctions de base (il rit, pleure, dit non, dit oui, saute, danse...), il fait presque peine. On l'imagine mal rivaliser avec les Lara Croft et consorts. Diguiden a bien une copine, Diguida, qui dispose indéniablement d'une paire de seins, mais Diguiden n'a pas l'intention de se faire voler la vedette. Il réussit à attirer l'attention, avec irrévérence et fantaisie. Son créateur, démiurge allumé s'il en est, s'appelle Michel Jaffrennou, artiste inétiquetable (1). Sa dernière marotte est de donner vie à un tas de bits en répondant à la boutade de Paul Klee «Maintenant les objets peuvent nous répondre» d'un «Oui, les objets numériques le font.» Diguiden est le prototype évolutif d'un acteur numérique qui serait capable, sur une scène de théâtre, de réagir aux piques et pièges de son créateur. Il est aussi le héros d'un site «en construction» (2) où il enrichit ses comportements en jouant avec l'internaute. Au studio-théâtre de la Comédie-Française, Diguiden a fait ses premières armes le mois dernier. Sur l'écran géant, il apprivoise peu à peu son public, lui montre ses tours et tics, se fait aimer en un rien de temps, semblant répondre aux questions du public et de son géniteur. L'idée qui trotte dans la tête de Jaffrennou, c'est que, à force de montrer sa frimousse numérique de scène en scène, Diguiden deviendra de plus en plus «humain». Son monde s'enri