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Libération

L'attente des vanités.

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La soirée d'ouverture génère une quête aux petits bonheurs aléatoires.
publié le 11 mai 2001 à 0h50

Trois types installent des barrières métalliques pour bloquer une place de parking au bord de la Croisette. Un couple s'arrête. Puis un autre. C'est bientôt un attroupement, des dizaines de personnes qui fixent un emplacement vide, en silence ou presque. Un paquet de chewing-gum circule. «On attend.» A Cannes, «attendre» est un mot rond, plein, qui n'appelle aucun objet en particulier mais suggère une foule de bonheurs aléatoires, comme «assister à un plateau télé». Ou «tomber sur une distribution de produits publicitaires». Ou «voir quelqu'un». Mais, la plupart du temps, l'attente est une activité en soi. «Un peu comme un Noël où on pourrait manger de la bûche tous les soirs mais sans que les cadeaux arrivent jamais.»

Il y a encore sept ou huit ans, les vedettes restaient en moyenne une semaine à Cannes. Maintenant, c'est deux jours. «Si on rate l'ouverture, on peut ne voir personne», s'inquiète un retraité. Alors, mercredi soir, avec 8 000 personnes, il attend autour des marches du palais, où Moulin Rouge inaugure le festival. Une sono joue très fort des vieux slows. Une femme en short danse sur le minuscule rond de pelouse autour d'un arbre. «On est entouré de milliers de caméras. L'odeur de fric commence à monter. C'est bon d'attendre là», constate un électricien.

«Si on tombe à côté de cons...» Premières vedettes, premiers hurlements. Une année, Catherine Deneuve a pris peur dans une presque émeute au bord du tapis rouge. Alain Delon aussi. «Le lendemain, ils se baladaien