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Libération

La nostalgie n'est plus ce qu'elle était.

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par Freddy BUACHE
publié le 11 mai 2001 à 0h50

«Oublions Venise et pensons aux premiers festivals cannois de l'après-guerre. Ils furent d'abord des sortes d'expositions académiques officielles avec drapeaux et ambassadeurs, donc d'un intérêt très limité pour quelques inaperçus dilettantes, formés en ce domaine par les uniques universités cinéphiles de ce moment-là: une constellation de ciné-clubs. Se retrouvaient à Cannes des gens qui profitaient de l'occasion pour exhiber des belles en robe du soir et leur smoking.

«Le film sur l'écran ne branchait, d'ailleurs, que des rangées de commerçants (directeurs de salles et distributeurs-acheteurs), car nous vivions les dernières saisons du petit artisanat de la diffusion. Il s'agissait de réunions de l'ordre des foires, puisque s'y traitaient des affaires; elles établissaient, cependant, le bilan passager de la production internationale et les critiques en herbe commencèrent de s'y précipiter, ce qui fit évoluer la programmation. Une diversité des genres et des nations prit la place de la célébrité populiste des titres à la mode. Même les auteurs s'y aventurèrent, d'abord prudemment, puis peu à peu apprivoisés par les cinéphiles qui les admiraient et les paillettes, qui les attiraient. Car les auteurs de cinéma n'en sont pas moins hommes: sensibles aux flatteries de toutes sortes.»

Equilibre fragile. «Chez les responsables se précisa donc l'attrait pour la cinéphilie, ce qui n'assurait pas la bonne pertinence des prix décernés à la fin, ni la juste hauteur de l'applaudimètre à l