A 19 ans, Lou Doillon tourne pour la seconde fois sous la direction de son père, Jacques Doillon.
Qu'est-ce qui vous a séduite dans «Carrément à l'Ouest»?
Jouer un rôle plus intérieur. Parce que j'ai un côté comme ça. Jacques le sait. Il m'a toujours dit qu'être comédien, c'était comme jouer du piano. J'ai tendance à appuyer de la même façon sur la même note, alors que l'intelligence consiste à varier, à nuancer. «Pourquoi ne fais-tu pas une sonate?», m'a-t-il dit. Plus agréable, plus calme. Ce qui ne signifie pas qu'à l'intérieur, ça ne bouge pas.
Vous a-t-il consulté pour écrire un scénario parlant d'une génération qu'il ne connaît pas?
Il connaît ma génération par coeur. C'est un vieux loup. Il regarde à tous les coins de rue. Il y a peut-être quinze phrases du scénario original qui ont été changées. Les «hein!», les «quoi?», tout est écrit. C'est là qu'il fait oeuvre de virtuose. Il ne croit pas au génie et il a raison. Ce qu'il récolte n'est que le fruit de son travail.
Il ne laisse aucune place à l'improvisation?
Il nous laisse beaucoup de liberté. Cette liberté n'est pas forcément dans les mots, mais plutôt dans la façon dont nous devons les dire. Les mots sont une sorte d'ossature, une partition. A nous de la déchiffrer comme nous le voulons. Elle est là notre liberté. Nous avons le droit de gueuler un mot, de le geindre, de le pleurer. Après quoi, il travaille sur le tempo, sur la musique. Comme un chef d'orchestre. Il l'a dit une fois, s'il n'avait pas fait ce métier il