Si on habitait le même village, il serait plaisant, de temps en temps, de s'asseoir avec lui sur un banc pour parler de choses et d'autres, mais aussi pour ne rien dire ensemble. Quand on le rencontre, Michel Piccoli est ce compagnon idéal. Qui sait se taire pour réfléchir à une question, chercher le mot adéquat, anticiper une idée ou au contraire la disputer, et ce faisant, encourager l'intelligence, bref, comme le bon ouvrier d'un artisanat en train de se perdre, attiser sans cesse le feu d'une vraie conversation. Ce qui fait qu'on peut parler de son deuxième long métrage, la Plage noire, et, en même temps, de tout à fait autre chose.
Douleur d'amitié. Par exemple de la fidélité puisque la Plage noire, inspiré d'un récit de l'écrivain François Maspero, a failli s'appeler «Qui reste fidèle?» Et comme la fidélité est toujours une histoire d'amour, Michel Piccoli s'explique avec flamme: «L'amitié entre hommes est une partie capitale de la vie, aussi capitale que de tomber amoureux d'une femme, ou d'un homme d'ailleurs. Au-delà de l'homosexualité, l'amitié masculine est une vie de couple à part entière, faite de subtilités, de fâcheries et d'abandons fondamentaux, mais surtout de silences qui sont, indissociablement, de la complicité et de la peur. Perdre un ami est une douleur aussi vive que la mort. Il faut savoir faire le deuil des morts mais aussi des vivants.»
Voilà déjà qui chahute quelques truismes sur Piccoli en Don Juan qui ferait fondre les femmes. Bien qu'on puisse te