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Libération
Critique

Sous «la Plage noire», l'espoir.

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Piccoli signe un film politique qui ne renonce pas à courir vers l'utopie.
publié le 12 mai 2001 à 0h51

Michel Piccoli étant con nu du côté des films dans lesquels il a joué, le dictionnaire des synonymes du cinéma va surchauffer pour tenter de qualifier ­ et partant, d'apprivoiser ­ la Plage noire, son troisième film (un court, deux longs). On va parler de Buñuel (l'Ange exterminateur), de Ferreri (une scène de mon tre, ressuscitée de Dillinger est mort) ou de Cavalier (période Thérèse ou Libera me, pour l'effet tableau vivant). «Qu'est-ce que vous emporteriez s'il y avait le feu à la maison?», avait-on demandé à Cocteau. «Le feu», répondit-il. Piccoli, ce serait sûrement le cinéma qu'il prendrait avec lui, tous ces morceaux de pellicu les incandescentes où il a brûlé.

Imaginaire. Mais un bon génie nous souf fle que quelque chose résiste à ces comparaisons ciné-cinéma, aussi flatteuses ou paresseuses soient-elles, puisque c'est surtout au théâtre qu'on pense. C'est-à-dire à sa quintessence: Tchekhov. Pour ces instants, tradition russe, où on s'assoit tous ensemble, en manteaux, en bagages et en silence, pour calmer l'inquiétude d'un départ.

La Plage noire est une histoire de départ en vacances, au sens suspensif du terme. Il fait vide dans ce pays où une dictature de gauche a dû remplacer une dictature de droite. Il fait vague dans cet univers où les certitudes de l'amitié et de l'amour s'effritent à l'aune d'un réalisme social, voire socialiste, d'autant plus effarant qu'il reste abstrait.

Mais la Plage noire n'est pas un film sur les illusions perdues ou la nostalgie, camarade