Juste après une bière (Kronenbourg de base), il faut commencer par tirer une carte dans un jeu de type «à chaque jour sa maxime». Sur la sienne, il est écrit que l'amour, etc. Sur la nôtre qu'«il ne faut pas oublier qu'on va mourir». C'est ainsi qu'Emmanuelle Béart a envie que débute la rencontre, chez elle (appartement de fille, chaleureux sans ostentation), assez tard (dans la journée, elle joue une domestique dans le nouveau film de François Ozon), sur son terrain, puisqu'elle a peur qu'ailleurs il soit miné, et en compagnie protectrice de Catherine Corsini, la réalisatrice de la Répétition, qui confiera, a posteriori, qu'Emmanuelle Béart était morte de trouille. Donc, on la dérange, à tout point de vue, mais en l'occurrence dans la répétition d'une scène du film de François Ozon pour laquelle Catherine Corsini était en train de lui donner la réplique.

Intelligence. Est-ce qu'elle est belle, Emmanuelle Béart? Pas de question malpolie: elle est plus que belle (les yeux!), roulée comme une reine dans un rien de Jean-Paul Gaultier. Est-ce qu'elle est intelligente, Emmanuelle Béart? Dans la vie, sûrement. Dans son métier d'actrice, ce n'est pas une question à poser, a fortiori à une bonne actrice. Car l'intelligence n'a rien à faire dans le jeu. Elle serait même un handicap, car, à trop penser, un acteur hypothèque l'essentiel de son énergie, qui consiste à obtempérer au rêve d'un autre.

Emmanuelle Béart préfère parler de désir. «Je ne vibre que dans le désir de l'autre.» Vif d