Menu
Libération
Critique

Et aussi

Article réservé aux abonnés
publié le 14 mai 2001 à 0h51

Sans complètement décevoir, The Man Who Wasn't Here, le nouvel opus des frères Coen, confirme l'irrépressible épuisement, non d'une inspiration (dans son dessein de virginité et de crasse, l'Amérique revisitée par les Coen ne cesse d'intriguer), mais d'un système formel croulant sous le désir de maîtrise, où le tout-à-l'égout théorique confine à la balourdise. Reste un film étrange, forclos dans un noir et blanc chichiteux et une lenteur années 40, tournant autour du visage détaché de toute émotion du fascinant Billy Bob Thornton. Et, tout compte fait, il n'incarne rien d'autre, sous sa carapace de coiffeur absent, que la façon même dont les Coen s'envisagent cinéastes: impassibles, surprotégés, surorganisés, «machiniques», asphyxiés.

Ce visage de Thornton qui ne trahit rien est aussi celui de deux cinéastes qui, depuis le coup d'éclat de Fargo, n'en peuvent plus de ne plus pouvoir se trahir. Doit-on applaudir à cette chaise électrique esthétique si bien aménagée?

Tuer sans trahir, c'est à l'inverse la limite sur laquelle bute CQ de Roman Coppola (lire p. 39). Ce n'est que le premier long métrage (après une série de clips parfaits, dont Revolution 909 pour les Daft Punk) d'un garçon né dans le cinéma ­ jusqu'à le confondre avec la réalité ­, n'arrivant pas à jongler entre le complexe oedipien qui l'habite (tuer papa, l'impressionner: le héros est un jeune cinéaste qui, en 1969, reprend les rênes d'une production dont le premier recteur est incarné par Depardieu, parfaite proje