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Libération
Critique

Hirschhorn campe sous le métro

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publié le 14 mai 2001 à 0h51

Sous le vacarme de la rame de métro, deux gros édifices sommaires sont posés par terre. Le premier, coutumier dans les quartiers dits populaires, est une boîte à jeux dans laquelle on pénètre pour aller secouer des machines à sous. Des images rieuses de Pokémon en ornent l'entrée et des passants s'y engouffrent. A deux pas, une autre construction précaire n'attire aucun badaud. C'est une oeuvre d'art.

Skulptur Sortier Station est une installation de Thomas Hirschhorn présentée à Münster, en 1997, et répertoriée sous le titre plus éloquent de Precarious Construction. Le Centre Pompidou, toujours épouvanté à l'idée de rater une occasion de suivre la mode, a acheté cette sculpture deux ans plus tard. Elle est aujourd'hui exposée sur un trottoir parisien.

Chef d'entreprise. Né à Berne en 1957, établi à Paris, son auteur jouit d'une solide réputation d'artiste engagé depuis sa collaboration, dans les années 80, avec Grapus, collectif communiste de graphistes fondé dans le sillage de Mai 68. Il a déjà exposé à la Kunsthalle de Berne (Swiss Army Knife), à Genève (Wall Documentation), à la Biennale de Venise (Airport World), etc.

«Grand de taille, droit comme un "I", le cheveu court, la chemise grise entrouverte sur le cou, le costume noir discrètement rayé, le regard perçant derrière des lunettes cerclées de noir, il a plus l'air d'un chef d'entreprise que d'un artiste», ainsi le présente le critique d'art Philippe Piguet (1). Lauréat du prix Marcel-Duchamp, il est décrit en ces term