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Libération
Critique

Histoire méchante

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Un lycée américain vu du côté glauque.
publié le 14 mai 2001 à 0h51

Il a beaucoup été reproché à Todd Solondz son cynisme dans le très controversé Happiness. Dans son nouveau film, Storytelling, il veut encore gagner sur tous les tableaux et n'être le dupe d'aucun procédé, d'aucune critique qu'il n'ait anticipée et intégrée à la fiction. C'est un peu fatigant, mais le film n'en demeure pas moins réjouissant dans sa capacité à taper sur tout ce qui bouge. L'histoire a cette fois pour héros des adolescents et pour cadre le lycée, impitoyable creuset de l'American way of life qui taraude Solondz depuis son premier film, Bienvenu dans l'âge ingrat, grand prix du festival de Sundance 1996.

Dans la première partie, une teenageuse abandonne son copain handicapé pour draguer son prof de littérature, un gigantesque noir lauréat du prix Pulitzer pour son roman Un dimanche de lynchage. Il la prend sauvagement en levrette en lui demandant de répéter: «Nigger, fuck me hard.» Solondz manipule les clichés racistes dans une sorte de délire idéologique secoué de ricanements.

Dans la seconde partie, Scooby, un ado légumisé, veut devenir présentateur vedette à la télé. Un loser décide de focaliser sur lui et sa famille son projet de documentaire. Le fiel de Solondz ronge à la fois l'imbécillité intellectuelle de Scooby et l'absence de scrupule des parents, qui exploitent une pauvre Salvadorienne. Le comique de Solondz consiste à choisir des physiques et des looks fortement déterminés et à faire fuser ensuite les réparties vachardes. Comme c'est toujours un peu l