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Libération
Critique

Humour désarmant dans les Balkans.

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«No Man's Land», une satire habile de la guerre en ex-Yougoslavie.
publié le 14 mai 2001 à 0h51

A la projection de presse, la fin de No Man's Land, du Bosniaque Danis Tanovic, présenté en compétition of ficielle, a été fortement applaudie par un parterre de jour nalistes internationaux pas vraiment prompts à ce genre de manifestation. Il faut dire que le film est très habile, en ce qu'il s'empare du grave sujet de la guerre en Yougoslavie pour en donner une version tragi-comique et pacifiste propre à fédérer une salle.

Absurdité. Tanovic est né en Bosnie-Herzégovine, il a à son actif de nombreux documentaires consacrés aux effets ravageurs de la guerre (Portraits d'artistes pendant la guerre, Ça ira...), il a aussi été responsable des archives de l'armée bosniaque. Son implication dans le conflit est donc réelle mais il a voulu surmonter les antagonismes géopolitiques et écarter toute pulsion revancharde pour livrer une réflexion acide sur la guerre, lutte nationaliste et fratricide où les anciens amis sont devenus les pires ennemis. La dimension d'absurdité est la clef de No Man's Land qui résume la situation en mettant aux prises deux Bosniaques et un Serbe largués entre les lignes de front. L'un des Bosniaques, blessé, s'est réveillé avec une bombe bondissante sous le corps, s'il se lève, elle explose. Le sauvetage du malheureux, l'affrontement à couteaux tirés entre Ciki et Nino autour de sa vie en sursis où, en fait, chacun essaie de sauver sa peau, l'intervention des Casques bleus français et l'arrivée d'équipes télé fournissent au cinéaste la matière d'une charge