«L'histoire, c'est la passion des fils qui voudraient comprendre les pères.» Cette phrase de Pasolini en épigramme terminale du Pornographe dit l'essentiel, si l'on veut bien comprendre que les places du géniteur et de l'engendré ne sont pas données une fois pour toutes. De quoi est-on exactement l'héritier, à quel sabbat terrifiant s'adonne, dans la cage de notre esprit, celui qui, peut-être distraitement ou avec la dernière ferveur, nous a donné vie? Les fils, par défi, angoisse et par on ne sait quelle ordalie génétiquement programmée, n'engendrent-ils pas, à leur tour, leur père, qu'ils refaçonnent à la convenance d'une légende familiale et personnelle, inéluctable et plus sombre encore que celle qui aura saccagé leur enfance, et le reste?
Le mot important, bien sûr c'est «passion», et pour Bonello, qui signe ici son second long-métrage après Quelque chose d'organique, elle s'exprime par des silences, un éloignement rêveur, des phrases répétées comme les refrains de chansons, de «nous vivons une époque sans fête» à «je n'en peux plus».
Jacques Laurent, 50 ans dépassés, est entré dans le cinéma pornographique sur les brisées de 1968 et des mouvements libertaires, appelant à plus de plaisirs et moins de morale. Il est devenu un cador du genre, avant d'être remisé sans avoir pu mener à bien un projet perso, sorte de Chasse du comte Zaroff érotomane, où l'entame de l'abstraction devait mordre la chair d'une fille offerte aux chiens.
Refoulé. Le fils du «pornographe», Joseph, 17