L'écrivain indien R. K. Narayan n'aura jamais le prix Nobel: il est mort hier à Madras, où il était né il y a quatre-vingt-quinze ans dans une famille de huit enfants. Le père était enseignant, ce qui ne prédispose pas forcément à aimer l'école. D'abord élevé par sa grand-mère, l'enfant a découvert les livres dans la bibliothèque du lycée dirigé par son père. Rasipuram Krishnaswamyi Aiyar Naranayanaswamy a fait ses débuts de romancier en 1935 avec Swami et ses amis, publié à Londres grâce à Graham Greene, à qui il faisait penser à Tchekhov, et qui l'enjoignit, s'il voulait avoir des lecteurs, de simplifier «un nom que les vieilles dames ne peuvent retenir».
Sceptique. Narayan, moraliste débonnaire dont les romans se caractérisent par un doux mélange de scepticisme et d'humour, a raconté ainsi comme est née la petite ville imaginaire de Malgudi, qui est à son oeuvre ce qu'est le Yoknapatawpha à celle de Faulkner: «Un certain jour de septembre choisi par ma grand-mère comme m'étant astralement favorable, j'achetai un cahier et écrivis la première ligne d'un roman et, comme j'étais là assis dans ma chambre à sucer mon porte-plume et à me demander ce que j'allais écrire, Malgudi, avec sa petite gare, se présenta à mes yeux, toute prête à être écrite.»
Le Professeur d'anglais (1945) est en partie autobiographique et raconte la mort de sa jeune épouse. L'Ingénieux Mr Sampath (1949) conte l'association d'un rédacteur en chef et d'un imprimeur. Le Peintre d'enseignes, récit paru en 19