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Libération
Critique

«Trouble Every Day», l'appel de la chair

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Claire Denis célèbre des noces cannibales. Envoûtant.
publié le 14 mai 2001 à 0h51

Un nuage de soufre accompagne Trouble Every Day. Présenté hors compétition et en séance spéciale de minuit, le dernier film de Claire Denis est précédé d'une réputation de violence, de dureté lourde à porter. Ce côté «à ne pas mettre entre toutes les mains» est ambigu: il a fait naître un buzz mal informé, qui réduit le film à un frisson tendance. En fait de quoi une bonne paire de claques attend les festivaliers en mal d'émotions fortes.

L'histoire est celle d'un couple de jeunes et beaux tourtereaux américains en voyage de noces à Paris, Shane et June (Vincent Gallo et Tricia Vessey, idéaux), qui semblent s'aimer très fort mais peu se connaître. Un prétexte professionnel a aussi guidé Shane: il est sur la trace du mystérieux Pr Léo, chercheur banni des laboratoires officiels pour avoir développé des théories comportementales trop audacieuses. Tout, chez Shane, trahit un trouble profond, particulièrement sa façon de fumer, d'avaler une pilule, d'embrasser son épouse, comme autant de gestes de la toxicomanie et du manque.

Frousse immémoriale. Le Pr Léo a une femme, Coré (Béatrice Dalle), qu'il maintient cloîtrée dans un pavillon de banlieue. Comme Shane, elle est habitée de pulsions atroces et, comme lui, elle confond, dans une même énergie, l'appel de la chair et celui du sang, le désir d'amour et celui de mort.

A l'image du Crash de Cronenberg ou du Salo de Pasolini, Trouble Every Day constitue sans doute une expérience limite du cinéma, mais certainement pas du point de vue