Familles décomposées, recomposées, isolées et endeuillées. Familles traquées, fracassées, stérilisées et réinventées. En l'espace de cinq jours, le festival, toutes sélections confondues, à déversé un flot continu de fictions qui empoignent à bras le corps la question de la cellule familiale, sur tous les fronts et dans tous ses états.
Ce cinéma de la famille est très différent du cinéma du couple qui a longtemps prévalu dans l'imaginaire des auteurs, au moins depuis la Nouvelle Vague. Ce qui est désormais sur le tapis, c'est le face-à-face, ou le dos-à-dos, parents-enfants. Conflictuelle ou fusionnelle, la relation des jeunes à leurs «vieux» et des adultes à leurs «enfants» est le miroir aveuglant du jour, où viennent s'éblouir les phalènes du cinéma mondial. Car la préoccupation est universelle.
C'est la Sélection officielle qui, le premier jour de la compétition, a donné le ton avec le film catalan Pau et son frère de Marc Recha, où une mère et son fils approchaient un père et sa fille. Le quatuor se reconstruisait en communauté provisoire autour d'un deuil-noyau: la disparition de celui qui était tout à la fois le frère, l'enfant, l'ami.
Dans Rain (Quinzaine des réalisateurs), son premier film, la Néo-Zélandaise Christine Jeffs amoncelle les nuages morbides au-dessus d'une famille banale, qui va bientôt péricliter dans l'alcool, l'infidélité et, encore une fois, la mort. Celle-ci s'abat sur le plus innocent du clan, un garçonnet rouquin qui se noie «par manque d'endurance».