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Libération
Critique

Piano forte.

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Michael Haneke se renouvelle complètement avec l'adaptation du sulfureux roman de sa compatriote Elfriede Jelinek.
publié le 15 mai 2001 à 0h52

«J'ai depuis des années ce désir de prendre des coups... Je t'ai attendu si longtemps»: la déclaration d'amour d'Erika Kohut, «la pianiste», coupe le souffle de son jeune et beau soupirant, Walter Klemmer. Il voulait de tendres baisers, des soupirs, elle lui propose un pacte de soumission, bas usagé enfoncé dans la bouche, gifle du revers de la main et sans retenue, ceinturon, lui assis sur sa figure l'obligeant à pointer sa langue plus avant dans son cul.

Violence tous azimuts. Foucault disait du sadomasochisme qu'il est une école de la délicatesse; il n'est pas sûr que Michael Haneke, en adaptant le roman sulfureux de sa compatriote autrichienne Elfriede Jelinek, souscrive complètement à cette idée même s'il est question en effet de délicatesse et d'instruction, Walter et Erika volant dans les hautes sphères de la grande musique (Schubert for ever) et dissertant sur le crépuscule de la raison théorisé par Adorno.

La violence (auto)destructrice d'Erika s'exerce à fond dans les moindres recoins de sa vie. Célibataire revêche, la quarantaine passée, elle vit toujours avec sa vieille mère, harpie alcoolique qui lui déchire ses robes quand elle ne rentre pas à l'heure. La relation d'Erika et Walter tournera à la sauvagerie délectable, nez éclaté à coups de latte pour autant de «je t'aime» expirés.

Morve, diarrhée, sperme...

La Pianiste est un film sensationnel, au sens fort du terme. A la fois parce que, dans la salle, quelques verrous ont sauté, des rires hystériques fusaient comm