César du meilleur espoir 1999, pensionnaire de la Comédie-Française, numéro 10 du FC Toutainville, Bruno Putzulu, 34 ans, tient le rôle principal d'Eloge de l'amour. Entretien.

«Jean-Luc Godard m'a contacté après m'avoir vu dans les Passagers de Jean-Claude Guiguet. Il m'a dit qu'il me prenait pour le jeu et pour la pensée : "Souvent les acteurs rajoutent des trucs afin de faire passer la pilule, ce n'est pas votre cas, c'est plutôt bien."

«J'ai essayé d'y aller le plus vierge possible. Il fallait qu'il en soit ainsi pour le bien du film. Comme le livre blanc que je tiens dans la main. Pour que la pensée puisse aussi passer par moi, il ne fallait pas la contaminer d'une humeur. Après, une sorte d'amitié est venue se greffer. Maintenant, Godard est quelqu'un qui m'est très cher.

«Pour la première partie, il y avait quelque chose d'écrit, pas pour la seconde. De temps à autre, le tournage s'interrompait, Jean-Luc s'enfermait dans une pièce et écrivait. En sortant, il nous distribuait des feuilles et nous pouvions continuer. Quelquefois, le soir, je trouvais une feuille glissée sous ma porte. Au début, ça m'affolait un peu. Pour pouvoir faire passer un texte, il faut l'avoir bien intégré. J'ai donc d'abord paniqué. Après quoi c'est devenu une nécessité. Chaque soir, j'attendais la petite feuille sous la porte. Pas seulement pour le film, mais pour ma vie aussi.

«Dans plusieurs articles, il a dit sur moi des choses qui m'ont touché. Notamment : "Il fallait qu'il tienne et il a tenu.