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Libération

«Le monastère».

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par Yoichi UMEMOTO
publié le 16 mai 2001 à 0h53

«Pour un critique japonais, un festival de cinéma est synonyme de voyage. Non qu'il n'existe pas de manifestations cinéphiliques ici, mais, soyons sérieux, il faut s'éloigner de Tokyo pour avoir des nouvelles du cinéma, à la manière dont les cinéastes japonais doivent passer par l'étranger avec leur film pour exister vraiment. Quand on arrive dans un festival, ce n'est pas du tourisme. Cela pourrait y ressembler : réserver un billet d'avion, faire sa valise, acheter un plan, un guide, changer de l'argent, arriver dans un lieu qui s'apparente souvent à une station balnéaire. Mais c'est du cinéma : l'avion est oublié, la valise rangée dans un coin, le plan et le guide remplacés par le catalogue et les horaires des projections, l'argent troqué contre des bons édités par le festival (et valables "dans les restaurants dont la liste suit...»), la station balnéaire se résume à deux ou trois salles obscures.

Regarder et me perdre. On ne verra que ça : du cinéma. Ni la mer, ni la montagne, ni les devantures des boutiques, mais des images du monde nées de l'obscurité. André Bazin, qui considérait le festival comme un ordre religieux, a toujours raison : un festival ressemble à un monastère. On y mène une vie beaucoup plus ponctuelle que d'habitude, régulière, on y est même assidu et studieux.

Moi, j'aime aller voir des films, beaucoup de films, de nationalités très diverses. Souvent je ne connais pas l'identité des réalisateurs, et parfois je ne sais même pas le nom de la capitale du pa