Stockholm
de notre correspondant
Bonhomme à la barbichette grise et au corps étroit, Lars Hillersberg l'avoue: «C'est vrai, j'ai déclaré que je ne haïssais pas que les juifs, que je haïssais en fait tout le monde. Mais je parlais en tant que caricaturiste. En tant que personne, je ne hais personne.» Difficile de se faire une idée précise de Hillersberg. Provocateur, assurément. Mais «la» question qui déchire la Suède depuis des mois est: Hillersberg est-il antisémite?
Les journaux s'entre-déchirent, les intellectuels et les historiens s'interpellent. Ce dessinateur suédois de 63 ans avait déjà agité ce petit monde par le passé, mais l'émoi a atteint l'opinion depuis qu'un comité artistique public a décidé, quelques jours avant Noël, d'accorder à Lars Hillersberg un salaire garanti à vie par l'Etat, sous forme d'une rente annuelle de 20 000 euros. Les pages culturelles du quotidien libéral Dagens Nyheter ont déclenché un tir de barrage.
Gauchiste. Les dessins incriminés datent pour certains d'assez longtemps. L'un d'eux, remontant à 1973, représente Kissinger avec un gros nez crochu. C'est souvent ainsi que Hillersberg représente les juifs, ce qu'on lui reproche le plus. «Utiliser des représentations antisémites pour attaquer les juifs sionistes est antisémite, écrit Henrik Berggren dans DN, de la même manière qu'il serait raciste d'appeler Robert Mugabe (président du Zimbabwe, ndlr) un "singe négroïde antidémocratique", même si la seconde partie de l'assertion est correcte.»
Autr