Avec la mort de Bolognini, auteur d'une quarantaine de films, l'Italie perd ce qui a fait la force de son cinéma «moyen», ces oeuvres bien écrites, bien jouées, bien illustrées. Le cinéma italien, dévoré par la pire télévision du monde, a ensuite périclité, mais Bolognini est resté le même, de son premier film, Ci troviamo in galleria (1953, avec Alberto Sordi et Sophia Loren), à son dernier, La villa del venerdi (1992): un artisan au souci formel, un petit maître de la beauté rétro. Tout ce temps, il était important que Bolognini se charge d'adapter certains des beaux romans de la littérature italienne, le Bel Antonio, de Brancati (avec Mastroianni et Cardinale, 1960), la Viaccia, de Pratesi (avec Belmondo et Cardinale, 1961), Senilità, d'après Svevo (1962), Agostino, d'après Moravia (1962), Metello, d'après Pratolini (1970)... Ou s'acharne à reconstituer ces ambiances un peu surannées propres à la Toscane raffinée, costumée, peaufinée qui fut aussi celle de son enfance.
Métronome. Né en 1922 à Pistoia, près de Florence, Bolognini cultive très tôt ce souci du détail et de la forme. Etudes d'architecture, nombreuses lectures, goût pour la peinture et la mode, le jeune esthète dilettante, au début des années 50, approche le cinéma en devenant l'assistant de Luigi Zampa puis de Jean Delannoy et d'Yves Allégret. Il passe à la réalisation en 1953, et son second film, les Amoureux (1956, présenté à Cannes), lance une carrière qui se poursuit avec la régularité d'un métronome. On e