Drôle de coïncidence: alors que le Festival de Cannes fête les cinquante ans des Cahiers du cinéma, les cinéastes d'Extrême-Orient ont eu, semble-t-il, envie d'apporter leur grain de sel commémoratif à la chose. Deux films-phares de la nouvelle vague (tous deux primés à Cannes en 1959) structurent les deux films asiatiques du jour. Tandis que le Taïwanais Tsai Ming-liang hommage copieusement les Quatre Cents Coups dans Et là-bas, quelle heure est-il? (lire page 32), le Japonais Nobuhiro Suwa retravaille de fond en comble le Hiroshima mon amour du tandem Alain Resnais/Marguerite Duras.
Fragmentation. Hiroshima mon amour donc, la consécration publique du cinéma moderne, le télescopage fulgurant d'un art populaire et de la littérature d'avant-garde (le nouveau roman), la tentative héroïque de parler autrement que par la fiction classique d'une horreur jamais connue jusqu'alors.
H-Story part du désir totalement fou de Nobuhiro Suwa, découvert en 1999 à la Quinzaine des Réalisateurs avec M/other, de refaire le film de Resnais quarante ans plus tard, avec un acteur japonais et une comédienne française, Béatrice Dalle, en lieu et place d'Emmanuelle Riva. Les premières scènes du film reproduisent donc des bouts épars du film de Resnais. Mais, contrairement par exemple à Gus Van Sant dans son Psycho, Suwa n'imite jamais le filmage de Resnais (alternance de plans courts et hachés et de travellings opératiques). Sa caméra bouge peu, les plans sont très longs, on reconnaît simplement le t