Menu
Libération
Critique

Lynch allah!

Article réservé aux abonnés
«Mulholland Drive», voyage figuratif et extrême à Hollywood, où David Lynch sublime ses obsessions.
Laura Harring et Melissa George dans «Mulholland Drive». (Bridgeman Images)
publié le 17 mai 2001 à 0h54

Rappel des faits: Mulholland Drive devait être une série télé pour la chaîne câblé ABC. Lynch avait carte blanche pour écrire et tourner le pilote devant servir de rampe de lancement à ce nouveau Twin Peaks composé de multiples personnages et d’intrigues de plus en plus complexes. Les relations entre Lynch et les décideurs de la chaîne se sont très vite envenimées: ils réclamaient à chaque projection des éclaircissements que le cinéaste se refusait à leur donner. Aussi ABC décida-t-elle abruptement d’arrêter les frais et de tuer le bébé-monstre dans l’oeuf. Il a fallu l’intervention des productions Alain Sarde et du Studio Canal pour que Lynch accepte de tourner des scènes supplémentaires et de remonter Mulholland Drive pour le cinéma.

Le film résultant de ce processus compliqué –­ double tournage à plusieurs mois d’intervalles, nécessité de ramasser l’intrigue en 2 h 30 –­ est le genre de dope qui pourrait bien, à plus ou moins brève échéance, nous fusiller définitivement la cafetière. Histoire, rêve, abstraction, la triade sacrée de Lynch est à la fois le thème et le vecteur du film, comme si les images sous nos yeux se mettaient à délirer leur identité, se comparant, se superposant, s’annulant, se déchirant les unes des autres, d’abor