Lorsque Sandra regarde sa montre, c'est un cri de désespoir qui déchire la Croisette. «Tu imagines: il est minuit moins le quart, je suis à Cannes et je n'ai qu'une envie: rentrer à l'hôtel.» On finit par la convaincre d'aller «au moins boire un café chez l'Italien en face du Martinez».
De chaque plage privée montent les rumeurs d'une fête. Des Mercedes enchevêtrées bloquent l'entrée du Carlton. «Tarantino n'est venu que pour le Marché international du film. Bill Clinton devrait arriver, mais il ira de son hôtel à la fête de Vanity, rien d'autre.» Bref, «personne à voir». Sandra travaille dans une boîte de production. «L'événement de l'ouverture, c'était une ex-mannequin enceinte dans un kimono double épaisseur (Laetitia Casta, ndlr). Aujourd'hui, au photo call (séance collective pour photographes, ndlr), Isabelle Huppert a posé en col roulé. Tu vois le glamour?» Arrivée chez l'Italien. Dix minutes d'attente pour une table. C'est le coup de grâce pour Sandra. «Pas plus! L'an dernier, on n'allait nulle part sans réserver. Même le 49e Festival, saboté parce que tout le monde préparait le 50e, était franchement moins pire.»
Cette année, au manuel cannois des conversations, il est un lamento à pousser impérativement pour qui ne veut pas passer pour le largué de la Croisette. «Vous ne trouvez pas qu'il y a moins de monde cette année?» Les hôtels, pourtant, affichent complet, les salles de cinéma aussi. Les énormes classeurs, où s'archivent jour après jour les critiques publiées sur