Le premier long métrage de l'Américain Michel Gondry, Human Nature, a un mérite: celui de questionner la capacité d'un réalisateur de clips génial à faire exister un univers dans la longueur. Le début du film fait craindre le pire. On y retrouve trop vite l'intégralité du bestiaire animal qui peuple depuis dix ans les clips que Gondry offre à Björk: petites souris, tapirs et autres bestioles évoluant dans une jungle dont on voit mal par quel effet numérique magique sortirait quelque chose qui s'appellerait cinéma. C'est tout l'enjeu: Gondry peut-il devenir cinéaste sans trahir ses origines?
Greystoke. De cette quadrature du cercle se nourrit le dispositif symbolique du scénario. Lila est une femme velue qui, après épilation totale, rencontre l'amour en la personne de Nathan, un naturaliste un rien nigaud. Le couple trouve dans une forêt un sosie de Greystoke dont le positiviste Nathan essaiera de faire un garçon du monde, lui apprenant les bonnes manières et la philosophie kantienne à base d'expériences menées en labo dans une cage de verre. Doit-on renier son naturel, fut-il monstrueux? Comment évoluer dans une société qui s'interdit la différence? Quand peut-on redevenir soi même?
Il est clair, pour le tiraillé Gondry, que cette cage de verre vaut pour solution. C'est dans les dimensions réduites de cette cage qu'il libérera sa magie de clippeur: les moments les plus foldingues du film s'y déroulent avec une aisance décoiffante. Ce n'est plus une cage, mais une boîte à malic