Le Festival de Cannes, toutes sélections confondues, aura accordé, cette année, une place de choix au documentaire, ce qui est bienvenu, au même titre que la volonté des sélectionneurs de s’ouvrir à l’expérimental. Manière de considérer le cinéma sous tous ses aspects en ne s’appuyant pas sur le seul critère de la fiction estampillée par la signature d’un auteur. Déjà, quatre documentaires importants ont été projetés: ABC Africa d’Abbas Kiarostami sur les orphelins de l’épidémie de sida en Ouganda, Sobibor, de Claude Lanzmann, sur le soulèvement d’un groupe de juifs le 14 octobre 1943 dans un camp de concentration nazi, Made in the USA sur le cas Odell Barnes, condamné à mort et exécuté alors que des éléments non exploités remettaient en question sa culpabilité et Assassinat en février sur l’ETA.
Exil. Hier la Semaine de la Critique présentait le Cas Pinochet de Patricio Guzman où les victimes du régime dictatorial du général qui renversa Salvador Allende en 1973 parlent face à la caméra des tortures qu’elles ont subies, des disparitions en nombre de membres de leurs familles. Le film suit aussi le lent et tortueux processus de mise en accusation de Pinochet avec les péripéties à répétitions en Angleterre et le retour au Chili où d’autres procédures ont finalement permis de lever son immunité de sénateur à vie.
Patricio Guzman est né à Santiago. Il a étudié le cinéma dans sa ville natale et à Madrid, il se retrouve aux premières loges de l'aventure du gouvernement d'Uni