Del Monaco de l'âge digital, à l'élégance et au raffinement typiquement français, Roberto Alagna déclara un jour: «Le plus important pour moi, c'est la sincérité que je donne au public. Ne pas tricher, ne pas calculer.» Fils de maçon sicilien, né en 1963 dans la banlieue parisienne, il choisit dès l'adolescence de gagner sa vie sur les planches des pizzerias et des cabarets, jusqu'à ce que le Grand Caruso avec Mario Lanza lui donne l'idée d'apprendre Tosca. Une prestation légendaire en finale du concours Pavarotti l'imposa, il y a dix ans, sur les grandes scènes de la planète, où il demeure le plus beau des Alfredo. Mais c'est dans le répertoire français que Roberto Alagna éclipse tous ses rivaux. Avec Airs d'opéras français, que publie EMI, celui que l'on surnomma le Quatrième Ténor va encore réconcilier critique et public, contaminés depuis longtemps par le rayonnement naïf de son chant. Dès l'air de Maître Pathelin de Bazin ouvrant le CD, on est saisi par la suave noblesse du timbre. La couleur s'est enrichie de nuances sombres, la ligne est rigoureuse, le legato toujours aussi souple, la diction fantastique et la caractérisation passionnée. Alagna ne s'en est jamais caché, ses modèles appartiennent à l'ère des Corelli et des Thill. Le disque ménage curiosités de Grétry ou Bruneau et tubes de Berlioz, Bizet, Gounod et Halévy (occasion d'un frisson anthologique dans la Juive). Bertrand de Billy fait montre du même soin et de la même passion que son ténor, à la direction de
Critique
Les grands airs d'Alagna
Article réservé aux abonnés
par Eric Dahan
publié le 18 mai 2001 à 0h55
Dans la même rubrique