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Libération

Masse-moi n'importe où

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Plus besoin d'aller chez le kiné ou dans un institut de beauté. Désormais, on se fait masser dans les bars, les restos ou le métro.
publié le 18 mai 2001 à 0h54

Dix-huit heures au Tamla Café. Un jeune maître et son vieux chien sourd au comptoir. Une maman et ses deux fillettes attablées. Quelques jeunes habitués devant bières et cocktails. Une cliente s'éclipse par un couloir au fond de la salle. Et revient un quart d'heure plus tard, sourire béat aux lèvres. Puis une autre. En chemin, le long du corridor, les décibels de l'electro s'étouffent, les effluves d'huile essentielle de lavandin remplacent les relents de cigarette. Lumière douce et rosée, tapis de paille au sol, canapés recouverts de draps orangés, bougies: le salon de massage de Bertrand et Anouk. Une jeune femme s'enfonce dans les coussins d'un sofa. Pupilles embuées et rivées au plafond, bras ballants. Les symptômes ne trompent pas, elle vient de se faire masser. Une autre, assise sur un tabouret, est entre les mains de Bertrand. Depuis quatre mois, il pétrit, presse et caresse le corps des Parisiens stressés qui échouent ici après leur travail ou des noctambules qui préparent leur nuit à venir. «Je peux vous dresser une cartographie des maux parisiens, des trapèzes aux cervicales», assure Bertrand Lisbonis. Un bras en l'air, puis derrière le dos, l'échine courbée, puis penchée en arrière...

«Tenter l'expérience». «Nous voulons démocratiser le massage, explique-t-il encore. Au départ, nos clients étaient avant-gardistes et assez peu nombreux, mais, progressivement, arrive un public qui ne s'est jamais fait masser. Des femmes, surtout, la trentaine, qui arrivent, à force