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Libération
Critique

Roberto Succo réquiem pour un tueur

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publié le 18 mai 2001 à 0h55

Je crois qu'il n'y a pas de mots pour définir ma situation psychique. Je ne sens plus rien, je suis une personne privée de sentiment, mais pas égarée. Je ne cherche rien, je ne désire rien et je pense à la mort avec sérénité derrière les barreaux qui me séparent du monde extérieur [...] En effet, quel meilleur confort pour l'homme que la possibilité de mettre radicalement fin à ses problèmes, de résoudre en un moment la faim, la douleur physique et morale, l'insatisfaction, l'apathie, the spleen?» Roberto Succo a écrit ces lignes à son professeur de religion Odino Spolaor. Pascale Froment les cite dans son livre qui vient d'être réédité en poche (1), matière première du film de Cédric Kahn présenté en compétition officielle à Cannes et sorti sur les écrans mercredi. Le jeune Succo a 19 ans, il a sauvagement assassiné ses parents dans la banlieue de Venise. Il sera bientôt interné dans un hôpital psychiatrique pénitentiaire, d'où il s'échappera avant de se réfugier en France. Entre Côte d'Azur et Savoie, Succo croisera la route d'hommes et de femmes qui ne s'en remettront pas. Meurtres, viols et disparitions, mais aussi d'autres actes de violence gratuite, agressions, cambriolages, se succéderont pendant deux ans, entre 1986 et 1988, sans que, longtemps, la police ne parvienne à établir de lien entre ces différents faits divers.

«Si tu pleures, je te tue», «Je vais vous tuer, TOUS», «Les gens qui m'énervent je les tue», «Profession: KILLER!», dans le film que Cédric Kahn consa